DOSSIER/OP – Mon ami le cheval, … un puzzle valorisable
Dans ce dossier je décortique les sous-produits du cheval, pour vous en présenter les opportunités.
Les sous-produits du cheval sont valorisables. On n’a pas attendu l’ère du développement durable, ils le sont déjà partiellement depuis toujours, depuis que le cheval est notre « ami ».
Cependant il se trouve qu’ils ne sont pas toujours valorisés partout, dans tous les pays, ni toutes les régions et quelques nouvelles valorisations adaptées à notre monde contemporain, sont encore possibles.
Généralement ce n’est pas ce qui fait le plus plaisir à imaginer pour le cavalier, amoureux de son ami le cheval.
Mais il faut le savoir dans l’artisanat et dans l’industrie, comme dans l’agro-alimentaire les produits et sous-produits du cheval sont comme les autres produits animaux.
On peut classer les produits/sous-produits équidés, en deux grandes catégories :
- Ceux qui sont prélevés sur l’animal sacrifié
- Ceux qui sont prélevés sur l’animal vivant
Commençons par le moins sympathique (surtout pour le cheval). Même les plus carnassiers d’entre nous n’aiment pas savoir ce qui se passe dans les abattoirs. Et pourtant nous allons jeter un œil non pas sur ce qui s’y passe (je vous épargne le pire) mais sur ce qui en sort.
Les espèces équidés et les espèces asines passent par l’abattoir pour fournir principalement de la « viande chevaline ».
Comme pour les autres viandes, elle est commercialisée en boucherie parfois spécialisée « boucherie chevaline » et sert aussi à l’industrie agro-alimentaire pour faire des plats cuisinés et de la charcuterie.
Après le prélèvement des ‘meilleurs’ morceaux il restera des os, du gras, des parties moins « nobles » qui seront utilisés surtout dans l’alimentation animale ou dans la cosmétique, hum !
Généralement ce sont des races équidés qui sont élevées précisément dans ce but, souvent des chevaux de trait ou même des ânes. Mais il faut être conscient que la majorité des chevaux élevés pour les courses hippiques, jugés non performants finissent à l’abattoir (dura lex).
Tous les équidés ne finissent pas dans les assiettes. D’abord pour des raisons sanitaires et ensuite parce que leurs propriétaires les gardent généralement en retraite et jusqu’à leur décès naturel ou programmé.
Beaucoup d’entre nous ont certainement encore en tête le(s) scandale(s) de la viande de cheval.
Rappelons à ce sujet que ce n’est pas le pire scandale qui soit dans l’agroalimentaire. Vous vous rappelez peut-être que c’était une question d’étiquetage et de provenance, la viande de cheval avait remplacé d’autres viandes, sans qu’il en soit fait mention. Mais au moins c’est un produit parfaitement mangeable qui a été utilisé (ce qui n’est absolument pas toujours le cas dans cette industrie) et même réputé bon pour la santé. D’ailleurs le consommateur a bien compris le débat et contre toute attente ce scandale a fait progresser les ventes habituelles de la viande chevaline…
Pour commercialiser la viande chevaline il faut être boucher-chevalin. Il parait que c’est un métier qui recrute, comme dans les autres boucheries d’ailleurs.
Pour les éleveurs qui souhaitent produire de la viande chevaline, mieux vaut connaitre le marché et la filière avant de se lancer.
Bon à savoir : la filière viande chevaline, et ce contrairement aux autres secteurs du monde du cheval, est très bien organisée avec l’interprofession INTERBEV équin.
Dans les abattoirs il y a d’autres sous-produits animaux qui sont prélevés pour être valorisés, ce sont notamment les poils ou les crins.
Chez les équidés ce seront plutôt les crins qui seront réutilisés, car ils sont en abondance, surtout chez certaines espèces.
Bien sûr les crins peuvent également être prélevés sans danger, sur les équidés vivants, tout au long de leur vie.
Les grooms et autres lads et cavaliers-propriétaires coupent régulièrement la crinière et la queue des chevaux et poneys, pour des raisons de sécurité ou de beauté, notamment pour leur présentation dans des shows ou des concours.
Les crins issus des soins aux équidés réalisés dans les clubs équestres, les pensions équines ou chez les particuliers sont peu valorisés. Ils ne sont majoritairement pas récupérés, cela peut devenir une opportunité.
Mais à quoi servent les crins de cheval ?
Beaucoup de ce qui se fait avec du fil ou de la corde, peut-être imaginé et produit avec du crin de cheval !
Ce qui signifie en termes techniques : Tissage, broderie, utilisation comme un fil au crochet et à l’aiguille, ou techniques de tresses ou du macramé. Ce qui laisse beaucoup de possibilité de création.
C’est une matière naturelle qui a de nombreuses propriétés que l’on redécouvrent aujourd’hui. Une bien belle opportunité à étudier !
Certaines utilisations sont traditionnelles, parfois très anciennes, d’autres plus contemporaines.
a- En Europe, les crins de cheval ont été utilisés surtout au XIXème, pour l’ameublement. Aujourd’hui, il est (peu) utilisé en tant que matière de rembourrage pour les matelas et les coussins, sous la forme de crin frisé (bouilli).
Mais avec le regain de l’intérêt pour les matières naturelles, plusieurs sociétés recommencent à vendre ce type de produits : Voir un matelas pour bébé (en Suisse) dont on vante les qualités de confort et de santé.
On en fait aussi de très beaux tissus d’ameublement (rideaux, fauteuils,…). Très rares, pourtant très appréciés ces textiles d’ameublement sont très résistants, protègent du froid et sont généralement très esthétiques.
Mais de nos jours il n’existe plus guère d’atelier tisserand qui utilisent les crins équidés.
En Allemagne, il semble qu’un atelier tisserand continue sa production, à voir ici.
En Chine, le crin de cheval est encore utilisé de manière très artisanale, dans l’ethnie Shuis pour la broderie de vêtements traditionnels. Voir un article, à ce sujet ici
b- En France, depuis quelques années, le crin de cheval est utilisé en bijouterie.
Cela est une tradition dans certains pays, les crins sont soigneusement tressés pour réaliser des parures traditionnelles. En France Zoé Montagu a créé ses propres designs sur la base de cette tradition qu’elle connaît bien.
Mais plusieurs autres artisans utilisent aussi les tresses de crins pour leurs bijoux. Il y à même de grandes marques qui associent cette matière soit au cuir, soit au métal. Certains professionnels proposent de créer vos bijoux avec les crins de vos propres chevaux.
c- Qui dit bijouterie, dit aussi accessoires, le crin peut s’utiliser dans toutes les créations d’accessoires à la personne, selon plusieurs techniques, associé à plusieurs matières. Cela peut être pour des porte-clés, des boucles, des ceintures, …Votre imagination est au pouvoir.
d- Autrefois le crin de cheval était aussi utilisé pour fabriquer des archers pour les instruments de musique comme le violon.
De nos jours il semble que ce soient des crins synthétiques qui sont les plus utilisés. Mais pour ceux qui souhaitent en vendre, sachez qu’ils sont encore utilisés par les professionnels, on en trouve sur internet (atelier Delaruelle) à 400 ou 500 € la livre en 80 cm. Faites silence, ça pousse.
e- Le crin est encore utilisé de nos jours pour la fabrication de pinceaux, brosses de grande qualité. Le crin de cheval n’est peut-être pas le plus utilisé dans ce domaine. Toutefois une simple recherche sur les places de marché vous indiquera quelles sont les marques qui les commercialisent. Exemple avec Kolylong®
La peau tannée des équidés, c’est à dire le cuir a toujours été utilisé par les hommes depuis la préhistoire. Le cuir était même une des meilleures et principales matières premières.
Aujourd’hui cela continue, avec ou sans poils, ce cuir s’utilise dans toutes les productions comme on utilise les autres types de cuirs et particulièrement dans le cuir de luxe.
Le cuir de cheval ou de poulain (surtout) a même un nom chez les professionnels, le Cordovan. Vous le trouvez dans l’ameublement, dans les chaussures, dans les sacs, etc. Esthétiquement il est vraiment très beau, très brilliant ou très poilu.
Il parait que les hommes en sont amoureux, c’est bon à savoir. Je dirais même qu’ils en sont dingues les mecs, voyez donc ce qu’écrit le blogueur BW-YW, il en connait un rayon.
Eh ! les filles vous avez lu… faites leur des chaussures à leurs pieds, ils vont vous aimer. Et aussi des trucs et des protège machins, vous savez pour leurs connected object, ils vont a-do-rer et vous, vous allez en-gran-ger !
Quoi, vous n’avez jamais vu une peau de vache, de mouton, d’ours, de tigre ou de zèbre tannée ? vendue pour faire jolie dans votre salon ? Et bien c’est pareil, cela existe en poulain et autres animaux familiers !
Oui, mais imaginez un instant, mon animal de compagnie transformé en sac, me direz-vous. C’est lugubre… et pourtant hésitez vous à acheter des chaussures ou des ceintures de cuir ? C’est comme l’hippophagie, …on en porte, on en mange, pour sûr il faut choisir et ne pas faire semblant de ne pas savoir.
Allez, pour ceux qui sont encore là…, sachez que comme tous les produits de luxe, c’est une bonne opportunité que de travailler des cuirs issus des peaux équidés.
Les autres produits issus des animaux vivants…
Le lait de jument ou d’ânesse sont des produits assez rares en Europe de l’ouest et notamment en France, ce qui n’est pas le cas dans certains pays comme chez les Mongols.
A nouveau utilisé pour l’alimentation et la cosmétique, la production ou la commercialisation du lait de jument ou du lait d’ânesse est une bonne opportunité à étudier.
a- Dans l’alimentation
Il parait que l’homme boit du lait de jument depuis la préhistoire.
« En Europe, la consommation de lait de jument est un phénomène récent lié à l’engouement pour l’alimentation biologique depuis les années 2000 » … « il provient de juments de race Haflinger, dont la production est réputée et qui peuvent être traites trois fois par jours » (Source wikipédia).
On lui reconnait aujourd’hui ses grandes qualités nutritives.
On l’utilise toujours dans certaines régions du globe (Asie centrale) pour préparer des boissons traditionnelles fermentées les Kumiz, aïrag et autres caracosmos ainsi que pour les Kéfir, qui aurait les vertus des probiotiques.
b- Dans les produits cosmétiques
Autrefois ce n’était pas un produit de luxe. Mais de nos jours le lait de jument ou celui d’ânesse est très rare chez nous, donc très cher à acheter et peut-être très rentable à vendre.
Tout le monde a entendu parler de la légendaire reine d’Égypte, Cléopâtre qui se baignait dans du lait d’ânesse pour entretenir sa peau… Rien n’interdit de le faire, du moins si vous en avez les moyens.
Avec le renouveau des produits naturels, le lait d’ânesse entre dans la composition de nombreux produits cosmétiques : savon, lait, shampoing, baumes, crèmes, sérum..
c- Des vertus médicinales
Le lait d’ânesse comme le lait de jument possède aussi des vertus thérapeutiques qui avaient été oubliées et qui sont à nouveau reconnues. Autrefois ce lait était recommandé dans plusieurs affections.
« Le père de la médecine, Hippocrate (460 – 370 av. J-C), prescrivait le lait d’ânesse pour de nombreux maux, comme les problèmes au foie, œdèmes (hydropisie), saignements de nez (épistaxis), empoisonnements, maladies infectieuses, cicatrisation des plaies et fièvres » (Source wikipedia)
Plusieurs éleveurs se sont lancés depuis une quinzaine d’années dans ce créneau. Rien ne vous empêche d’y réfléchir vous aussi.
En voir un exemple ici, avec la laiterie du haras ; ou ici, où il est vendu par Chevalait ou bien chez bio-équin, comme compléments alimentaires.
La traite animale se fait plusieurs fois par jour, cela à l’air contraignant, mais le résultat produit est alléchant.
Le lait Bio de jument peut se vendre aussi congelé et apparemment le produit peut être traité en lyophilisé sans en altérer les principes, c’est pratique pour le commercialiser.
En engrais ou énergie, le crottin de cheval (ou de n’importe quel autre équidé) sait se mettre en valeur.
Le Crottin ou le fumier (y compris la litière de paille, de lin ou de copeaux de bois) sont de bons engrais, valorisables sans transformation.
Un vous vous baissez, deux vous ensachez, trois vous vendez. Sous les deux formes, il est préférable tout de même de réaliser un vrai compost de quelques mois, pour pouvoir l’utiliser.
« Le compostage consiste à transformer le fumier de cheval en un amendement riche en humus stable et inodore par le biais d’une fermentation aérobie… » Voir la suite pour savoir composter le fumier de cheval, avec un guide gratuit de 12 pages.
Pas vraiment cher à produire, il est pourtant le plus souvent soit épandu sur la propriété du centre équestre ou bien donné à des particuliers. Les professionnels considèrent souvent que c’est un souci supplémentaire que d’essayer de vendre le fumier, ils préfèrent s’en débarrasser... Cependant quand c’est possible, la vente directe de ces produits à des jardiniers amateurs ou professionnels, peut permettre de rentabiliser un peu le cout des litières.
Pour faciliter le travail des exploitants équins il existe plusieurs matériels de ramassage, d’une part le ramasse-crottin pour le récupérer dans les prairies et d’autres part les matériels de curage des boxes.
Sur litière de paille ou de lin, ce fumier est aussi un engrais apprécié des producteurs de champignons. Les prix de ventes moyens se situent entre 15 et 25 €/sac de 50kg.
Autre utilisation possible, la transformation pour en faire de l’énergie. Plusieurs techniques sont déjà utilisées pour valoriser le crottin, soit avec la méthanisation soit en le transformant en buchettes ou granulés à utiliser dans les cheminées ou des poêles à combustion.
Voir l’article de l’Equibuche (avec litière de copeaux de bois) mis au point et commercialisée, par Agnès
Quelle que soit sont utilisation en engrais ou en énergie, le crottin est un produit durable et écologique (sous-réserve que les animaux soient élevés sans produits médicamenteux et nourris sainement, c’est à dire avec des fourrages et compléments sans engrais chimiques, ni pesticides et sans OGM).
Toutes les informations sur les différents procédés avec comparaison sur le site www.cheval-fumier.com
Ce dossier concernant les opportunité des produits dérivés des matières organiques des équidés vous a été utile ? Lancez vous dans l’artisanat de ces produits ! Vous aussi vous connaissez des produits issus de ces animaux et vous souhaitez les partager…
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